La Guinée connait des progrès dans la quasi-totalité des secteurs de la vie nationale. Et l’appareil judiciaire n’est pas en reste. Construction et rénovation des infrastructures, réformes institutionnelles, augmentation de grade pour les gardes pénitenciers et autres.

C’est évident que la politique pénale se porte de mieux en mieux. Pour en savoir d’avantage, notre reporter a rencontré le patron du parquet du tribunal de première instance (TPI) de Coyah, Almamy Sékou Camara. Dans cette interview qu’il a bien voulu accordée à votre quotidien, le procureur de la République près le TPI de Coyah revient sur les dispositifs qu’il a mis en place pour traquer les bandits dans sa juridiction considérée comme étant une zone criminogène. Mais aussi des acquis significatifs dans le domaine de la justice. Il lance aussi un appel à ses collègues magistrat
Horoya : Bonjour Monsieur le procureur, présentez-vous à nos lecteurs s’il vous plait
Almamy Sékou Camara : Je vous remercie. Je suis Almamy Sékou Camara, procureur par intérim près le tribunal de première instance (TPI) de Coyah depuis le 3 Avril 2023. A Coyah, c’est mon deuxième séjour puisque quand je suis sorti du centre de formation et de documentation judiciaire à l’époque, j’ai été nommé juge d’instruction dans cette juridiction qui était en ce moment une justice de paix. J’ai exercé trois ans durant avant qu’un décret ne m’envoi à Mandiana comme juge d’instruction également pendant un an. De Mandiana, je suis allé à Yomou là aussi comme juge d’instruction. Après quelques mois à Yomou j’ai bénéficié d’un arrêté me nommant juge d’instruction au TPI de Mafanco où j’ai exercé pendant dix mois. Même si le ministre Mory Doumbouya avait rapporté l’arrêté du ministre Mohamed Lamine Fofana. Séance tenante il nous demande rejoindre nos juridictions antérieures, c’est-à-dire Yomou sans motif valable. Cette décision avait causé beaucoup de préjudice au magistrat en ce moment même si la loi le permet.
Le 5 Septembre 2021 m’a trouvé à Yomou. Par décret du président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya j’ai été promu juge d’instruction à la CRIEF qui venait d’être créée. Plus tard, j’ai été désigné comme président de la deuxième section de la chambre dans la même cour. Quelques mois après, j’ai bénéficié d’un arrêté me nommant procureur de la République par intérim près le TPI de Coyah à la date du 30 Mars 2023.
Vos priorités après votre prise de fonction, c’était les quelles ?
Vous savez Coyah était considéré comme une zone criminogène à un degré très élevé. Donc il fallait s’attaquer à cela. Mais à travers les stratégies mises en place quelques jours après ma prise de fonction en associant toutes les autorités locales, les infractions ont drastiquement diminué. Ici on entendait souvent des coups de feu, aujourd’hui on est parvenu à maitriser la situation. Et les citoyens s’en réjouissent. Je pense que les bandits de grand chemin se sont retranchés ailleurs. Vous entendez aujourd’hui des coupeurs de route vers Mamou, Dubreka. Ici la patrouille nocturne est régulière et continue. Dans notre juridiction, les infractions les plus récurrentes sont le stellionat, le viol, les attaques à main armées. Ces infractions sont devenues heureusement des lointains souvenir à Coyah. Depuis que j’ai mis en place ma politique pénale à travers les recommandations du département de la justice. Il n’y a pas de tolérance, face à ces infractions nous sommes sans état d’âme.
Justement, le conseil d’administration de l’association des magistrats de Guinée (AMG) a décidé de cesser toute activité suite la suspension par le garde des sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme de deux magistrats.
L’AMG en a–t-elle le droit et quelles solutions selon vous ?
Franchement, je ne voulais pas faire de commentaire sur cette question, mais la situation et le moment l’exige. Avant de répondre à la question je veux faire remarquer certaines choses. Cette magistrature est en train de vivre quelques choses qui ne se devaient pas dans la mesure où ça fait des années que des magistrats n’ont pas eu la chance de gérer ce département. Vous savez ces dernières années ce sont des avocats ou d’autres administrateurs ou même des militaires, des gendarmes. Si les magistrats ont la chance d’avoir un des leurs à la tête de ce département, on devrait se réjouir de cela et l’aider à ce que nos conditions de vie et de travail soient améliorées. Parce que c’est un de nous. Moi j’ai toujours analysé ceci : pour quoi des héritiers d’un même père peuvent accepter de brûler leur maison commune à cause d’un des leurs ?
Dans ce cas, ce n’est pas la seule personne qui perd mais c’est tous les héritiers qui vont perdre. Il n’est pas judicieux qu’un concessionnaire brûle sa maison à cause d’un locataire. Ce département de la justice appartient aux magistrats.
Vous voyez la dynamique de changement du chef de ce département. Des immeubles abritant les sièges de juridiction sortent de terre. A titre illustratif la maison d’arrêt de Coyah en chantier, du palais de justice de Dubreka, le palais de justice de Faranah, le TPI de Mafanco, un peu partout. Moi je dis que c’est l’occasion pour nous d’aider le ministre dans son élan pour améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats. Cela ne peut se faire que dans la paix, dans la compréhension. Les problèmes peuvent être régler autour de la table. Ce que je n’ai pas apprécier c’est la démarche. C’est-à-dire cette association regorge tous les magistrats y compris moi-même. Pour cette décision de grève il y a problème puisque la forme commande le fond. Je ne rentre pas dans les débats de personnes. Même s’il devrait y avoir grève, les magistrats devrait se retrouver ensemble, discuter les points sur lesquels ces revendications devraient porter. A l’unanimité on décide. Mais là aussi il y a des préalables. Avant d’aller en grève il faut nécessairement des alertes, ce qu’on appelle préavis. Et si cela n’est pas fait on veut embarquer tout le monde dans le même bateau sans concertation. C’est ce qui a fait que nous, nous sommes désolidarisés de cela comme vous le constaté nous sommes au bureau et nous continuons nos activités. Moi je dis qu’il ne devrait même y avoir de débat là-dessus. L’article 38 de la loi organique portant statut des magistrats a levé l’équivoque. Le ministre peut suspendre un magistrat s’il estime que ce dernier a fauté dans un délai de 30 jours. Et saisir le CSM. Le CSM va siéger en conseil disciplinaire pour examiner le dossier. Si les faits tiennent le CSM décide, si les faits ne tiennent pas le CSM tire également les conséquences de droits.
Pourquoi les gens n’ont pas accepté de patienter pour les 30 jours afin que le conseil se prononce. Je conseille aux magistrats d’observer la retenue, la tempérance, le respect des règles, l’entente et surtout l’amour entre nous magistrat. Qu’on accepte de dialoguer, le magistrat n’est pas une personne ordinaire il est guidé par les lois. Nous sommes censés donner des exemples aux autres citoyens, aux justiciables. Nous ne sommes pas prêts à sacrifier cette magistrature à cause de quelqu’un ou à cause d’un groupe de personnes. Par ce que les hommes passent et l’institution demeure. Sans oublier que les décisions sont rendues au nom du peuple et pour le peuple. C’est pourquoi, on doit penser à l’intérêt supérieur de la Nation.
Je précise que la compétence de cet TPI s’étend de Lansanaya barrage jusqu’à Tabily et couvre les communes de : Kouriah qui comprend 8 districts ; Manéah (22 districts ; Wonkifong, 15 districts et la commune urbaine qui a 19 quartiers.
Depuis deux, plusieurs réformes ont été engagées dans la gouvernance en Guinée, notamment dans l’appareil judiciaire. Votre lecture ?
En tant que citoyen, je me fais le devoir de lancer des fleurs, faire l’éloge du président de République, le commandant en chef des forces armées, le colonel Mamadi Doumbouya pour les vastes chantiers qu’il a ouvert un peu partout dans le pays et c’est visible. Le bilan est positif dans la mesure où il est facile de constater le changement positif dans tous les départements pendant cette transition. Je prends l’exemple sur notre département, la Justice.
Vous voyez combien de fois le garde des sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright est en train de se battre pour cette magistrature, combien de maison d’arrêt sont en train de sortir de terre, le centre de documentation judicaire qui était dans un état inconfortable est devenu aujourd’hui un centre digne de nom. Sans oublier l’octroi de grade aux gardes pénitentiaires et l’amélioration de leur condition de vie. Tout cela est l’œuvre de ce gouvernement à travers le chef du département, M. Charles Wright qui d’autres initiatives pour ce pays notamment la spécialisation des magistrats, l’amélioration des conditions de vie des magistrats et tant d’autre. Aussi l’image de la justice aujourd’hui n’est pas comparable à l’image d’antan de cette justice. Par ce que là, il y a la sérénité, le sérieux tout est méthodiquement fait. Les choses se passent de façon transparente, des bavures ont diminué et on ne peut que se réjouir, les infrastructures sont en train d’être réalisées partout.
Interview réalisée par Alhassane Barry
Photos : Lamine Sylla